Circonscription de Poitou-Charentes. G. Nicolini, Directeur

Charente

Chassenon (Gassinomagus). — En 1979, J.-H. Moreau a procédé au dégagement des deux salles Ll et T2 des grands thermes de Ghassenon. T2 avait déjà été prospectée en 1977-78, où son original système de chauffage à gaines rayonnantes et périphériques avait été mis au jour1. La salle Ll, de plan rectangulaire, s'insère dans le quartier n. de l'édifice entre Cl et la grande salle froide FI (fig. 1). Son hypocauste à pilettes est bien conservé dans la partie e. Il est alimenté par un grand praefurniiihi de la salle de service SI dont l'alandier traverse son mur s. On perçoit dans les quatre angles la trace des cuniculi qui servaient à l'évacuation des gaz. La suspensura était couverte d'un beau dallage de calcaire dur encore visible à l'e., où un seuil surélevé donnant accès à FI était percé d'un orifice permettant l'évacuation des eaux de lavage ( ?)2. La dimension relativement modeste de cette salle (10,35 mx4 m), l'importance du praefurnium associé, semblent confirmer son utilisation comme sudatio ou laconicum. La grande salle chaude T2 est plus originale. Contrairement à ce qui avait été supposé en 19753, elle s'ouvre sur la salle G2 par trois baies monumentales dont les quatre pieds- droits de granite sont visibles. Celui de l'o.,

le mieux conservé, présente trois assises monolithes de hauteur décroissante.

Les murs n. et e. étaient pourvus de bancs ménagés dans l'épaisseur de la construction. Comme Tl, la salle T2 ouvre à l'o. sur l'extérieur par trois grandes baies à ébrasement prononcé. Les deux salles communiquent entre elles par un double passage séparé par un pilier de grand appareil. Un sondage a permis de reconnaître la destination de T2. Dallée d'un calcaire blanc qui couvrait aussi les piliers de granite au s. et probablement les murs et les bases, elle comportait en son centre (?) un vaste bassin, entouré d'une large circulation au niveau des entrées, qui n'a pas encore été dégagé. Il est probable que la salle C2 était construite de la même façon. Des fouilles ultérieures permettront peut-être de le préciser.

En tout état de cause, on peut désormais apprécier la disparité, dans leur aspect actuel, des salles chaudes occidentales. Si Ll au n. correspond à peu près à L2 au s., le groupe Tl-Cl n'est pas semblable à son répondant T2-C2. Le premier est chauffé par hypocauste à pilettes, comporte des latrines (?) à l'o. de Cl et une piscine chaude — ou un laconicum — au n. Le second est aussi pourvu de latrines mais son système de chauffage à gaines et ses bains chauds, ses grandes baies ouvertes sur l'extérieur au s. lui donnent une destination assez différente. Des fouilles futures diront si cet état existait dès la première construction de l'édifice, ou s'il appartient, comme cela est vraisemblable, à une réfection ultérieure, qui a

Gallia, 39, 1981.